Au commencement, était l’idée. Et derrière l’idée, était Jaouad Essounani. Le théâtre, l’art comme un ‘‘ laboratoire permanent ’’, où l’échange et la discussion, a posteriori, enrichissent le spectacle et où le public a sa part puisque ses interventions inspirent, façonnent les prochaines représentations. En 2004, Jaouad, en compagnie de quelques jeunes artistes, crée DABATEATR, une compagnie dédiée à l’art sous toutes ses formes, voltigeant autour du théâtre, sa principale activité. Au début, on commence petit, comme il se doit, et DABATEATR, à peine sorti de l’œuf, est une série de créations théâtrales anodines, limitées à Jaouad comme metteur en scène et sa chétive troupe.
Aujourd’hui, DABATEATR a grandi, ses activités sont plus diverses, son public se compte en milliers, alors que de faibles moyens réduisent ses possibilités publicitaires. Il se contente donc de la page Facebook, Twitter, d’une mailing-liste, et quelques imprimés, en plus du site web encore en construction. Leur stratégie, c’est leur qualité. Leur atout, c’est d’impressionner par leur art, c’est que tout un chacun, sorti de la salle de l’Institut Français de Rabat où se déroulent leurs spectacles, entre autres, soit tellement subjugué qu’il ne puisse s’empêcher de raconter autour de lui la beauté de ce qu’il a vu. Ceci dit, cela semble leur réussir, puisque les spectateurs reviennent à chaque fois, et que la queue devant leurs guichets s’allonge de plus en plus, leurs prix étant on ne peut plus attractifs. Kaoutar, la responsable de communication de DABATEATR, nous confie que l’enjeu de DABATEATR n’est du tout pas commercial. C’est avant toute chose un projet de société, celui d’initier le spectateur à la pratique artistique, le pousser à réfléchir, voire même le responsabiliser, au-delà du simple divertissement, de la simple consommation passive. Avec DABATEATR, le spectateur est aussi créateur.
On pense au théâtre, et ce qui nous vient à l’esprit, c’est une image de quadragénaires, dans une lumière tamisée, accoutrés bizarrement, exécutant quelque chose que l’on ne comprend pas. Ce n’est pas ce que j’ai vu. DABATEATR sort du lot, ce sont des jeunes, la vingtaine, qui ont eu l’infini courage de se dédier à l’art, qui ont eu l’épique volonté de mettre à nu leur personnalité au profit de leur vocation, le théâtre. Leur panache, leur ouverture, leur dextérité enchantent, placent le public dans une sorte de ‘‘catharsis’’(commentaire d’un spectateur) diaphane, où les rires sont honnêtes, où l’émoi est réel et perceptible .
A chaque spectacle, c’est un différent metteur en scène, et par ce une différente vision, un différent jeu, une différente empreinte. En plus, la troupe ouvre ses locaux et son nom aux autres troupes, venant de différents horizons et différents lieux pour se produire, ce qui ne fait que rajouter à la diversité des spectacles.
Forte de ses alliances humaines comme Driss Ksikes qui rejoindra le projet en 2008 et deviendra par ses écrits et sa participation aux différents activités l’une de ses figures de proue, et ses partenariats comme l’Institut Français de et l’ Institut Goethe de Rabat qui se sont attelés au projet en offrant leur locaux, DABATEATR a pu élargir son champ d’action. En plus des pièces de théâtre, d’autres évènements réguliers viennent s’ajouter au calendrier :
LKhbar f’Lmasrah
Ce sont des pièces théâtrales, issues d’un atelier d’écriture ouvert à tout le monde, animé par Driss Ksikes, et dont les textes, traitant de l’actualité, sont ensuite convertis en des saynètes, mises en scène par un professionnel , pour être par la suite représentées devant le public.
Daba 36
En partenariat avec l’EAC-L’Boulevard (l’association pas le festival) , Daba 36, en référence à la salle 36 du Boultek à Casablanca, est un évènement mensuel qui célèbre la musique par des ‘‘ bands’’ qui produisent leur musique devant les casaouis, puis devant les rbatis la semaine d’après, dans le cadre de DABATEATR Citoyen.
Dabatelier
En plus de présenter du théâtre, DABATEATR organise aussi des ateliers de théâtre, ouverts au grand public pour apprendre à jouer, et dont les plus brillants novices pourront se voir octroyer la chance de performer devant l’audience dans les spectacles à venir.
LAABODABA
Cela se passe au Goethe Instiute, partenaire de l’évènement.Tout commence par une carte blanche, attribuée à un artiste quelconque, soucieux d’expérimenter une idée, un concept. DABATEATR lui en offre les moyens logistiques (argent, local et ateliers) ainsi que humains, puisque ses membres participent à chaque projet. Les fruits de cette œuvre sont ensuite présentés au public, le dernier samedi de chaque mois, sous la forme qu’il en décidera. Tout se passe dans une atmosphère ludique, pour le plus grand plaisir de l’artiste, des acteurs et du spectateur, bien sûr.
DABATEATR Citoyen
Ici, c’est l’amalgame des artistes, de tous horizons, de toutes professions, pour discuter d’art, en vue d’asseoir l’idée d’un théâtre ‘‘pluridisciplinaire ’’ où l’écrivain côtoie le danseur, le chanteur l’artiste-peintre, puisqu’après tout, tout est théâtre, et qu’aucune déontologie ne saurait cerner celui-ci ni en faire l’esclave d’un quelconque classicisme obtus.
Vous l’aurez compris, DABATEATR, c’est l’art, dans toute sa splendeur, ou chacun est le bienvenu, et ou l’échange continu est l’essence de la création, d’où leur devise :
”Notre grand maître est le CHEMIN”.
Au plaisir donc de vous rencontrer dans l’un de leurs spectacles, sinon, pour rester »in » avec DABATEATR et ses nouveautés, je vous recommande vivement de jeter un coup d’œil sur leur page Facebook, du même nom (DABATEATR), sinon de les contacter ici: compagniedabateatr@gmail.com.
Crédit photos : Alice Dufour-Feronce, photographe professionnelle de DABATEATR .