Festival International de Meknès des arts et des cultures


Au Maroc, nous semblons encore avancer à deux vitesses. Plutôt une vitesse et une inertie. Il y a Rabat et Casablanca, et il y a les autres. Deux locomotives qui ne semblent tirer qu’elles mêmes, deux lièvres que les coureurs ont depuis longtemps perdu de vue. Après 58 ans d’indépendance, on est encore sous le joug de cette notion de  » Maghrib Nnafiâa » *, legs du temps révolu des colons. C’est ainsi que Meknès, ma Meknès, la ville impériale, le berceau des civilisations et de la culture,  se meurt en silence. Personne n’est à son chevet. Il ne semble s’y ajouter que des immeubles, et entre deux cafés, un troisième en aménagement. Les photos anciennes de la ville ressemblent comme deux goûtes d’eau aux récentes, à ceci près que les dernières sont en couleur. Culturellement, c’est encore pire:  néant quasi-total. Mis à part quelques événements par ci par là et les efforts maigrelets du centre culturel français, rien ne s’y fait, sinon rien ne s’y médiatise.

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Meknès est une ville historique, et histoire et culture riment bien. Il n’y a pas de meilleur fond  d’éclairage qu’un rempart pour les lumières  tamisées: cela crée une délicieuse atmosphère mystique qui embaume les esprits et prépare l’enchantement des sens. Seulement, ce phoenix avait besoin de la flammèche qui pourrait le faire renaître de ces cendres, et il vit celle-ci en la personne de Zakaria Haddani et Yassine Habibi, et derrière eux l’association Rouh  de Meknès (Esprit de Meknès).  Celle-ci, n’ayant pas encore soufflé sa première bougie, se veut devenir le fer de lance de la culture à Meknès, la voix qui l’extraira des affres de l’oubli pour qu’elle resplendisse sur la scène culturelle et touristique marocaine, que lui revienne son éclat d’antan. Composée d’un cocktail d’artistes, de chanteurs, de poètes, de chercheurs et de gens de la culture de tous azimuts, Rouh de Meknès dispose donc de la base humaine qualifiée et motivée qui lui permettra de provoquer cet essor culturel tant chanté.

 

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Epaulée des associations  »Fael Khair » et « Forum de Meknès pour la culture et le développement » , et surtout par Le groupe scolaire Goethe-Haus, Rouh de Meknès a donc  instauré un festival international des arts et cultures, en une première édition que l’on espère porter ses fruits afin qu’il soit encore au rendez-vous l’année prochaine et celles qui suivront. Au programme, il y en pour  tous les goûts. Sur les trois scènes où se produisent les artistes, se succéderont chanteurs, Aissawas, Gnawas, poètes, graffitistes, peintres, jeunes talents et j’en passe. Le tout se passe dans la liesse générale. Dans  sa première instance, le festival est à l’image de la ville: populaire, jovial, humain… On est en famille, on partage, on se délecte ensemble. Certes, on est loin du faste de Mawazine, et on sent qu’en l’absence d’un mécénat en bonne et due forme, on a dû faire avec les moyens du bord… Il est à déplorer aussi que le public, en mal d’expérience peut être, ne respecte pas les prestations des artistes: on ne se dérange pas pour se taire pendant que la poésie se lit, on joue  de la guitare au lieu… Ceci dit, il se doit saluer l’effort colossal fourni par les organisateurs pour amorcer ce haut lieu de la culture meknessie de la meilleure façon possible, à commencer par la procession orchestrée dans les avenues principales de la ville. Ce fut une sorte de baptème pour le festival où la population a pu jouir du chant des troupes conviées, à savoir les Aissawas , Gnawas et autres qui, quoique en créant une petite cacophonie en jouant en choeur sans synchronisation aucune, ont semé de la joie parmi les badauds meknessis avides de chant et de transe…

 

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Le premier impératif pour que la culture  au Maroc quitte cet aspect élitiste qui semble lui coller toujours et à jamais, c’est que soit promu et épaulé ce genre d’initiatives. L’association Rouh de Meknès et le festival de Meknès titubent encore, ils font leurs premiers pas d’enfant. Leur mission est noble, souhaitons leur bon vent et, au besoin, soyons les mains qui les soutiendront, avec leurs semblables,  pour poser des pas plus fermes et  plus grands, il en va du salut de la culture dans notre pays…

 

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Association Rouh de Meknes

  • Directeur de la communication du FIMAC : Zakaria Haddani ( Artiste, secrétaire général de l’ Association Rouh de Meknès).
  •  Directeur artistique du FIMAC : Yassine  Habibi ( Artiste, président de l’Association Rouh de Meknès).
  • Directeur des activités pédagogiques du FIMAC : Mr Lhassane Asloun ( directeur du groupe scolaire Goethe-Haus).
  • Site: http://rouhdemeknes.com
  • Facebook: https://www.facebook.com/pages/Ensemble-Soufi-Rouh/273181982694378

 

Maghrib Nnafiâa: Le Maroc utile, notion ancienne datant de l’ère coloniale, où l’on focalisait les efforts de développement et de mise en place des infrastructures sur les parties à fort potentiel lucratif, en négligeant le reste du pays.

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